Le camp scout du Domaine Richelieu (appartient aux scouts depuis environ 20 ans) était avant l'arrivé de l'homme blanc, un immense territoire indien. Le chalet St-François se situe à l'endroit précis où se trouvait à l'époque une tribu du peuple cri. L'homme blanc a commencé à faire son apparition sur le territoire du Québec en 1534 avec l'arrivé de Jacques Cartier. Cependant, la région des Laurentides n'a été exploré par l'homme blanc que beaucoup plus tard. Pendant des siècles, vivait donc paisiblement et en harmonie avec la nature cette tribu de cris. La vie à cette époque était conforme avec les rites du peuple cri. À l'endroit même du chalet St-François se trouvait la " Long House " qui était un endroit où les familles ou clans de la tribu se rencontraient, faisaient des cérémonies et des rituels. Les clans vivaient dans le même esprit : amour, partage et paix. Le grand chef de la Tribu, Kondiaki, s'assurait que tous les membres de la tribu forment une vraie équipe. Kondiaki, était à la fois un homme de pensée et un homme d'action, à la fois un rêveur et un faiseur. C'est lui qui négociait avec les autres grands chefs des autres tribus indiennes. Kondiaki vénérait la terre mère car le respect et l'observation de la nature étaient essentiels. Quand on prend la vie d'un arbre ou d'un animal, on lui demande avant et, quand on l'a prise, on dépose du tabac pour remercier le Grand Esprit de nous avoir donné la vie de cet arbre ou de cet animal. Ce que la terre mère nous donne, elle le reprend toujours, car à notre mort, nous retournons vers elle.
Dans le village cri, se tenait un peu à l'écart des autres wigwams, le wigwam de Ouanini. Ouanini était une femme qui avait beaucoup voyagé sur d'autres territoires indiens. Elle se mêlait peu aux autres membres de la tribu et n'appartenait à aucun clan. Elle avait acquis des connaissances et avait été soumise à plusieurs initiations dans le passé. Elle était une Chamane qui connaissait les secrets de la médecine des plantes. De plus, elle était sollicitée par les autres membres de la tribu pour ses différents dons : sa clairvoyance, la guérison de maladies et son pouvoir de communiquer avec les esprits. Elle passait parfois de longues heures en méditation où à la cueillette de plantes. Certains prétendaient qu'elle communiquait avec les animaux. Parfois, Ouanini participait avec les autres membres de la tribu à des rituels où elle invoquait le Grand Esprit.
Selon des écrits du Père Jean de la Mennais, en 1899, peu de temps après les semences du maïs (soit au début du mois de juillet), alors qu'il accompagnait un groupe d'explorateurs, s'est passé un événement terrible. Le groupe d'explorateurs accompagnés du Père avaient pour but de convertir les indiens à la chrétienté et de faire des échanges (troc) avec eux. De plus certains explorateurs sans scrupules voulaient s'accaparer les biens et ressources naturelles se trouvant sur le territoire indien. Ce groupe est alors arrivé sur le territoire du village cri, à cet endroit même. Le village a été saccagé et les clans refusant de coopérer avec l'homme blanc ont dû prendre le chemin du Nord dans les montagnes. Quant au chef Kondiaki, il fût tué sur le champ par la balle d'un fusil. C'est alors que l'un des explorateurs a trouvé dans la " Sweat Lodge " (la loge à transpirer) Ouanini qui était alors en train de purifier son corps et son esprit. Se moquant d'elle, ils l'amenèrent pieds et poings liés près du lac. À cet endroit, ils installèrent un bûcher et Ouanini fût mise dessus. On mit alors le feu au bûcher et les flammes se tortillèrent sur le corps de la Chamane. Ouanini invoqua alors les esprits méchants de la secourir et que la malédiction se répandent sur les hommes blancs qui occupent le territoire de la tribu crie. À ces mots, un violent orage se déclencha et les explorateurs quittèrent les abords du lac pour aller se réfugier dans les wigwams des cris. Durant toute la nuit, on pouvait entendre les lamentations lugubres de Ouanini dont le corps avait été ravagé par les flammes. Toute la nuit, le tonnerre, la pluie et les cris de Ouanini s'entremêlèrent pour créer un climat d'horreur et d'épouvante.
Le lendemain, le groupe d'explorateurs se rendit au lac puisque la pluie avait cessé et que le soleil brillait. Quelle fût alors leur stupéfaction! Il n'y avait plus aucune trace du corps ou des cendres de Ouanini. La seule chose visible était des traces de griffes d'ours qui partaient du bûcher pour se rendre dans le lac. Une étrange atmosphère régnait près du lac et le groupe d'explorateurs décida de retourner au village afin de prendre les peaux appartenant aux cris et de quitter les lieux. Là s'arrêtent les écrits du Père Jean de la Mennais, car personne n'a jamais revu les explorateurs, ni même leurs corps. Seul le Père Jean est revenu de cette expédition. Cependant à son retour, il s'est enfermé dans un profond mutisme et s'est rendu vivre dans un monastère clos. En 1913, le Père Jean est décédé sans que l'on sache quoi que ce soit.
Depuis ce temps, plusieurs personnes ont rapporté, au cours
des années, des phénomènes étranges qui se
seraient déroulés sur le présent territoire. Certains
prétendent avoir vu une silhouette mi-humaine et mi-ours rôder
autour du site de l'actuel chalet St-François. D'autres prétendent
avoir vu une femme indienne qui se transformait en animal. Certains auraient
vu le soir, une silhouette blanchâtre d'une femme indienne portant
un ours sur son dos et qui disparaissait dans le lac. Des objets et même
des personnes auraient disparus. Des tribus cries près de la Baie
James rapportent, selon des légendes, qu'au centenaire de la mort
de la Ouanini (début juillet 1999!) que les esprits du mal et le
Grand Esprit devraient s'affronter pour déterminer qui va s'approprier
l'esprit de la Ouanini. Malheur à ceux qui ne seront pas sous la
protection du Grand Esprit!!!!
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Les louveteaux qui seront sur le territoire de l'ancienne tribu
crie recevront un message du Grand Esprit qu'ils doivent vivre selon les
us et coutumes de l'ancienne tribu crie s'ils veulent se protéger
de l'esprit maléfique de la Ouanini. Ce qui donnera le thème
du camp afin que les louveteaux puisse bâtir un ancien campement
cri selon une carte qu'ils découvriront. Des wigwams seront montés
ainsi qu'une " sweat lodge ". De plus les sizaines seront modifiées
pour des clans de nom d'animaux qu'ils devront choisir. La Ouanini fera
des apparitions et tous devront accorder une attention particulière
à leur protection. Pour ce faire, les louveteaux devront fabriquer
un sac de protection. Ce sac de cuir (chevreuil ou autre animal) doit contenir
à l'intérieur les trois règnes : minéral, animal
et végétal. Ce sac est une protection pour la personne qui
le possède ; on peut y mettre nos propres croyances. Ils devront
le porter sur eux. Leurs activités de la journée doit être
en accord avec la vie traditionnelle crie (ex. : canot, tir à l'arc,
escalade, baignade etcÖ). Une autre mesure de protection consiste à
fabriquer un attrapeur de rêves. La légende nous dit que l'attrapeur
de rêves était utilisé par les indiens et qu'il était
suspendu dans le quartier de sommeil de la demeure. Son usage est d'attraper
tous les rêves, bons ou mauvais. Les mauvais rêves sont pris
dans la toile et retenus jusqu'à la première lumière
du matin, qui les brûle. Les bons rêves eux, retrouvent leur
chemin et reviennent par les plumes. Une autre mesure de protection consiste
à la fabrication de masque. Selon la légende, les masques
sont conçus pour éloigner les mauvais esprits, la maladie
et le négatif.
Des réunions de conseils se tiendront le soir autour du feu selon
le cercle. Car le cercle est une forme très importante, tant que
le cercle demeure intact, il est fort, prospère, heureux et il a
grand pouvoir. Le soleil est rond, la terre, la vie de l'homme. Chaque
membre de la tribu qui voudra s'exprimer devra le faire avec le bâton
de parole. Celui qui le tient dit ce qu'il a à transmettre et les
autres l'écoutent sans l'interrompre. Lorsqu'il a terminé,
il cède à son voisin de gauche le bâton de parole.
Les fleurs rouges se dérouleront donc dans l'ambiance indienne.
Une fleur rouge particulière se tiendra où un combat ultime
s'engagera entre les esprits du mal et le Grand Esprit pour l'esprit de
Ouanini. Comme des petits d'homme blanc auront fait tous les efforts nécessaires
pour vivre en harmonie selon les traditions indiennes, l'esprit de la Ouanini
pourra trouver la paix pour le centenaire de la mort de son corps physique.
Le Grand esprit rappellera à lui la Ouanini et l'esprit de cette
dernière cessera de hanter cet ancien territoire cri.