Bivouac

Le feu de camp, tel que décrit dans ce document, est celui que les scouts pratiquent traditionnellement depuis plusieurs années et dans plusieurs pays. Ce document ne se veut, en aucun cas, l'unique façon de faire, il ne règlemente rien et constitue surtout un ensemble de suggestions. Notez que le genre masculin utilisé dans ce document réfère au terme individu qui désigne aussi bien une femme qu'un homme.

Le feu de camp

Des temps les plus reculés jusqu'à aujourd'hui, les humains ont profité du moment qu'offre la fin du jour pour se retrouver autour d'un feu afin de se reposer, se détendre, se récréer et se rapprocher de Dieu. Baden Powell aurait défini le feu de camp comme "...un moment de délassement fraternel des campeurs autour du feu, avant le repos de la nuit". Et Léon Chancerelle a déclaré que le feu de camp était "... la forme la plus pure de l'Art dramatique...". Tout le monde s'entend pour dire que "le feu de camp est un moyen d'expression mis à la disposition des jeunes dans une ambiance de beauté et de grandeur".

Du point de vue de l'éducateur, le feu de camp offre à nos jeunes la possibilité de toucher à chacun des cinq buts du scoutisme. C'est l'occasion pour nos jeunes d'explorer la beauté, d'exprimer leurs désirs personnels en se mettant dans la peau des personnages. Le feu de camp permet aussi aux jeunes de développer leur sens artistique : la poésie, l'art lyrique (le jeu del'acteur), l'art visuel (masques, costumes, décors). C'est une occasion particulière de les rapprocher de leur spiritualité. Et comme le feu de camp est aussi un jeu d'équipe, il permet aux jeunes, garçons et filles, de se rapprocher et de se compléter.

Tenant compte de ces considérations, nous devons, en tant qu'éducateurs, éliminer tout ce qui serait clinquant ou de mauvais goût.

L'atmosphère

Le temps est au mystère et au merveilleux. Pour atteindre cette atmosphère, il s'agit pour les animateurs de créer le climat qui part de la tranquillité et arrive au recueillement en passant par la joie et l'exubérance. La lumière et les ombres que crée le feu dans la nuit favorisent cette atmosphère. Après un certain temps, les participants se laisseront fasciner par les brindilles qui dansent. C'est pourquoi les lampes de poche n'y ont pas leur place. D'autant que les chants, les danses et les numéros ont été appris et pratiqués au préalable. Le silence fait également partie d'un beau feu de camp, l'animateur verra donc à ce qu'il soit respecté en tout temps. Il est inutile de dire que tout numéro burlesque serait mal choisi, de même que les farces de mauvais goût.

Le thème

Dans le feu de camp, au contraire de la veillée, où le thème ne sert que de lien entre les parties, tout est en rapport au thème. Les aménagements physiques, l'intensité du feu, le rythme ou la courbe, les chants, danses et numéros scéniques (sketches) dépendront de l'idée directrice du thème. Le thème assure non seulement le lien entre les parties, mais coiffe toute l'activité. En un mot, tout dépendra du thème.

Types de thèmes : Voici le moment d'utiliser le voulu du VCPREF*. En effet, les jeunes ont beaucoup d'imagination quand il s'agit de choisir un thème. Si par hasard ils sont en manque d'imagination, l'animateur peut leur suggérer des thèmes historiques, la vie de B.P., le thème du camp, etc. Il est relativement facile pour les jeunes de préparer un feu de camp si le fil conducteur est un thème.

*Note pour ceux qui ne connaîtraient pas le VCPREF : c'est la méthode pédagogique utilisée par les scouts du Canada : impliquer les jeunes dans les étapes suivantes : Voulu, Choisi, Préparé, Réalisé, Évalué, Fêté.

Durée, rythme, disposition

Un feu de camp peut durer d'une à deux heures, selon l'âge des participants.

Le rythme du feu de camp est aussi naturel que toute autre activité, comme le rythme d'une réunion, par exemple. Soit un début calme, une montée jusqu'à l'exubérance, une légère descente, une faible remontée, une redescente jusqu'au recueillement. L'intensité de la flamme du feu doit aussi suivre ce rythme. C'est au moment de la remontée que le feu sera alimenté. Le graphique qui suit démontre le rythme ou la courbe du feu de camp.

Habituellement, les participants (une trentaine environ) se regroupent autour d'un seul feu. Mais en fonction du besoin d'éclairage ou de l'ampleur que l'on veut lui donner, plusieurs feux pourraient être montés.
Ce graphique aide à mieux comprendre

Les responsabilités lors d'un feu de camp

Le gardien du feu

Le gardien du feu est débrouillard, il connaît les essences de bois qui brûlent bien et longtemps, le bois qui ravive la flamme. Il sait monter divers bûchers. Il sait bien évaluer la direction et la vitesse du vent. Il est rapide et surtout très discret. Son rôle consiste à choisir l'emplacement du feu de camp. Il voit à ce que l'aire de jeu soit assez grande et sécuritaire. Il dispose des sièges si nécessaire pour que tout le monde soit à l'aise pour bouger. Il entretient le feu. Il connaît le déroulement pour produire le bon effet au bon moment.

Le régisseur

Le régisseur est un bon collaborateur puisqu'il fait le lien continuellement entre le gardien des légendes et les participants. C'est un organisateur puisqu'il met en application les éléments du déroulement. Il est débrouillard puisqu'il doit parfois pallier aux imprévus. Il est très discret en principe : vu de l'extérieur, on ne doit pas savoir qu'il existe. Son rôle consiste à tenir le programme détaillé du feu de camp, à aviser les participants de l'ordre de leur passage, à garder sous la main tous les accessoires du gardien des légendes.

Le batteur

Le batteur est au feu de camp ce que le bruiteur et l'accessoiriste sont au cinéma. Il a un sens artistique développé et est très imaginatif. C'est parfois un musicien. Son rôle consiste à créer l'atmosphère sonore (batterie, musique, sons) et quelques fois visuelle (trucages) du feu de camp. Il n'improvise pas, il suit les indications du gardien des légendes.

Le gardien des légendes

Le gardien des légendes est le maître d'oeuvre du feu de camp. C'est le meneur du feu. Il est dynamique et a le sens de l'organisation. Il a de l'entrain. Il est imaginatif et a le goût du beau. Son palmarès de chants, de danses et de numéros est abondant. Sa voix est forte et juste. Son esprit est en constante ébullition pour parer aux imprévus. Il coordonne toutes les activités du programme élaboré par les participants. Il anime le feu de camp. Il fait profiter les participants des silences et des temps forts du programme. Il met constamment en valeur le feu, ce dernier étant le principal personnage.

Conclusion

"Le feu de camp n'est pas d'ordre spectaculaire, mais d'ordre éducatif. Il vise moins à émouvoir ou réjouir les spectateurs qu'à faire éclore dans la chair et dans l'esprit des acteurs eux-mêmes, une émotion supérieure, une joie pure." (Scout un jour... Scout toujours)

Ce sont les jeunes qui s'offrent en spectacle à la nature et à eux-mêmes. Il n'est donc pas nécessaire de faire un spectacle à grand déploiement pour que les participants s'épanouissent et ajoutent un vrai sens au feu de camp. C'est une activité simple qui répond aux besoins des jeunes.

Le mot bivouac

Le mot bivouac provient du vocabulaire militaire et signifie : campement, pause, temps d'arrêt. D'ailleurs, B.P. a donné le nom de bivouac aux chapitres de son livre "Éclaireurs".

Chez les scouts, le bivouac est le moment où on se réunit autour d'un feu en petites équipes pour se détendre, discuter, chanter et réfléchir. Ce serait donc: "... une réunion intime, sans éclats et sans atmosphère solennelle d'un groupe restreint pour se former et se connaître davantage..." (Scout un jour... Scout toujours)

Le bivouac est un moment privilégié pour mettre en pratique des chants, des bans, des mimes, et ce, dans une atmosphère détendue. La formule bivouac convient davantage aux adolescents et sa durée ne dépasse pas une heure. Au contraire du feu de camp et de la veillée, le thème n'est pas obligatoire, mais peut être remplacé par une discussion, par exemple : les temps forts vécus durant la journée.

L'animateur a peu à faire dans le déroulement d'un bivouac sinon qu'aider les équipes à bien comprendre le sens du bivouac en leur donnant des moyens d'apprendre des chants, des danses, etc.

Le meneur, que l'on appelle aussi "Cigalou" n'est pas un expert en expression ni un maître de cérémonie. C'est un membre de l'équipe qui apprend dans et par l'action. Par contre, il devra s'être bien préparé à jouer son rôle (chants, danses, bans, sujet de discussion). L'essentiel du bivouac est que les jeunes s'amusent en prenant conscience des réalités de leur vie.

Sources

1- "Éclaireur", de Baden-Powell
2- "Scout un jour... Scout toujours" de l'A.S.C., région de l'Estrie, dela Mauricie et du centre du Québec.
3- "Tout droit", revue des scouts de France
4- "Cible", de la fédération des scouts catholiques du Canada
5- "Documents d'accompagnement pour le stage Découverte" de Claude Legris et Louise Robert.

Exemple de bivouac des castors et exploratrices camp d'hiver 2002

Comme nous serons les deux unités en même temps au camp Quebec Lodge, nous avons décidé de faire un bivouac commun le samedi soir (toutes les autres activités se feront chacun de notre côté). Dans les semaines précédant le camp, les jeunes ont choisi des bans et des chansons, et l'histoire qui suit réunit dans un tout les deux thèmes de camp, les bans et les chansons choisies.

Thème des castors : avec Grincheux
Thème des explos : avec Inuits

Choix des jeunes, les pages réfèrent au carnet "De notre mieux"

Choix des jeunes Bans Chansons

Castors 2- Auto 7- 3 p'tits chats, p.38

4- Poule 9- L'arbre est dans ses feuilles, p.66

8- Ours 3- Youppi ya, p.29

1- Père Abraham, p.20

Explos, jaune 10- Boum Atchi Kaboum, p.25 5- Les fourmis, p.35

Explos, bleue 6- Melon, DNM, p.110 11- À la claire fontaine, p.83

Voici l'histoire :

(Grincheux s'étire, voit sa boîte aux lettres avec le drapeau levé (un animateur penché avec la main qui sort près de la tête) , va chercher son courrier et se met à ronchonner )
Le drapeau est levé... Encore du courrier... Qui peut m'envoyer une lettre ? C'est toujours des factures ou des mauvaises nouvelles. Jamais rien d'amusant. Enfin, voyons ce qui est dedans.
(Il ouvre l'enveloppe, déplie une lettre et lit)
Cher Grincheux

(Il relève la tête) : Comment ça Grincheux? Est-ce que j'ai l'air de chialer moi? Je ne chiale jamais... Je critique. C'est pas de ma faute si les autres sont imparfaits. Moi, je suis parfait, alors je vois leurs erreurs et je leur dit, c'est tout.

(Il reprend la lettre) : Nous avons appris que cette année, c'est vous qui avez remplacé le Père Noël et qui avez distribué les cadeaux à tous les petits enfants.

(Il relève la tête) : Ben oui, c'est moi qui a remplacé ce gros douillet. Il passe son temps à se plaindre qu'il est trop gros, qu'il est trop vieux, qu'il est fatigué, qu'il est enrhumé, mais cette fois-ci, c'était vrai... Maintenant que j'aime Noël, j'ai pas pu refusé de le remplacer. Mais quelle job que c'est... Infernal!!! La nuit de Noël, il fait noir, il y a de la neige, les toits ne sont pas déblayés alors c'est glissant, il faut faire vite et passer de cheminée en cheminée, qui ne sont pas toujours propres, propres, propres... enfin...

(Il reprend la lettre) : Malheureusement, vous avez oublié tous nos petis enfants... S'il vous est possible de venir nous visiter, ils ne s'apercevront pas que c'est la mauvaise date, car chez nous, il y a toujours de la neige.
Merci,
Les Inuits du pôle Nord.

(Il relève la tête) : Mouin... c'est vrai que j'ai peut-être oublié des trous perdus par-ci par-là... Effectivement, je ne me souviens pas d'être allé au Pôle Nord... Mais ils auraient au moins pu m'appeler par mon vrai nom : c'est Abraham mon nom, Abraham, avez-vous compris????

Abraham, p.20

Dans le fond, c'est vrai qu'un petit voyage, ça me ferait peut-être du bien... Ça me reposerait de mes seize enfants... c'est pas qu'ils sont tannants... non, mais quand même, quand il y en a seize... ça bouge beaucoup. Bien, alors je vais préparer ma valise (fait les gestes de préparer une valise) et maintenant, en route!

Ban de l'auto (première moitié)

Vraiment, je suis bien content de prendre une petite vacance

Youppi ya, p. 29

Ce serait l'heure de déjeuner... Ah! il y a une petite auberge là, arrêtons-nous

Ban de l'auto (deuxième moitié)

(Il fait semblant de s'asseoir à une table) Ah! bonjour Madame, j'ai une faim de loup, je prendrais un bon déjeuner copieux. Au moins 3 ou 4 oeufs, du bacon, des toasts, du jus et du café.
L'aubergiste (un autre animateur) : Hélas, mon bon monsieur, je n'ai pas d'oeufs car mes poules ont un problème...

Ban de la poule

C'est quel genre d'auberge ça, sans oeufs??? Servez-moi ce que vous avez, ça fera l'affaire... (il fait semblant de manger)
Bon maintenant que je n'ai plus faim, reprenons la route (broum, broum, broum.....) Tiens, c'est quoi cette longue colonne au loin?

Les fourmis, p. 35

Ah! bon, ce n'était que des fourmis, toutes petites et toutes noires, tiens! comme des grains de melon... Ah! ce que ça serait bon, une bonne tranche de melon...

Ban du melon, p. 110

Je crois que je me suis perdu... Il va falloir que je demande mon chemin à ces 3 petits chats...

3 p'tits chats, p. 38

Ils m'en ont fait faire des détours ,ces 3 p'tits chats... mais enfin, je crois que je me rapproche... Puisque je suis en vacance, je crois qu'avant d'aller voir les Inuits, je vais aller un peu chasser l'ours.

Ban de l'ours

Bon je suis enfin arrivé! Je vais pouvoir distribuer des cadeaux à tous les petits Inuit (distribuer des bonbons???) Joyeux Noël, les enfants... Au revoir, à l'année prochaine...(Grincheux s'éloige un peu, puis revient pour continuer l'histoire)

Ah! ce que ça fait du bien de revenir chez soi. Mon Dieu, mon voyage a duré bien plus longtemps que ce que je pensais, le printemps est revenu, les feuilles commencent à sortir...

L'arbre est dans ses feuilles, p. 66

Atchi!, atchi! Bon ça y est, je me suis enrhumé... Atchi!... Et ça a l'air d'être tout un rhume!!!

Boum Atchi Kaboum (ordinaire, plus fort, en poisson, en prêtre)

Maintenant que mon rhume est terminé, je vais pouvoir sortir de nouveau... Tiens, j'ai envie d'aller me promener près de la fontaine...

À la claire fontaine, p. 11

Je suis tellement bien ici avec les arbres, les p'tits oiseaux, la fontaine, que je vais aller me cacher pour pas que personne me dérange... (il fallait qu'il parte se cacher pour que les castors le trouvent dans leur grande chasse le lendemain...)

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